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Noir et blanc Résumé Texture

#48- FEMME


ATTENTION : sujets sensibles (viol)


Il y a des textes que j’écris sans trop y penser, je me vautre dans mon imagination et mes pensées tordues et je me laisse écrire.

Il y d’autres textes qui font mal, par leur nécessité, mais aussi par ce qu’ils donnent comme image du reste du monde.

Aujourd’hui ce texte ne sera pas érotique, il ne sera pas beau. Il sera laid, honteux, injuste, perfide, insinueux, sexiste, agressif, violant. Pourquoi écrire quand c’est laid ? Parce que c’est vrai. Parce que c’est la réalité de milliers d’autres femmes qui ne trouveront peut-être jamais le courage d’en parler, de se l’avouer, d’y penser. JE ME SUIS FAITE AGRESSER 2X ET JE ME SUIS SAUVÉE D’UNE TENTATIVE DE VIOL IN EXTREMIS. Moi, oui, pas la femme à l’autre bout du monde dans une culture complètement différente, non c’est la femme dans le même pays que toi, probablement dans la même province aussi, peut-être aussi dans la même ville. Je suis peut-être ta sœur, ta mère, ta cousine, ton amie ou ta collègue de travail.

  • Je me suis faite agressée parce que j’ai invité une date à venir dormir chez moi après une super journée de plein air.


J’avais pourtant été bien claire que c’était pour dormir coller, rien d’autre. J’avais envie de chaleur humaine. Au début c’était ben correct on dormait en cuillère lui en boxer t-shirt pis moi en pyjamas fleurit pis un moment donner juste avant que je m’endorme il s’est mis à me toucher à des endroits que je n’avais pas envie qu’il me touche [seins, fesses, parties génitales]. J’ai repoussé ses mains plusieurs fois, j’ai dit non, je lui ai dit d’arrêter. Il arrêtait quelques minutes, puis recommençait. Il attendait que je dorme ou je ne sais pas quoi. Un moment donné j’ai réalisé qu’il n’arrêterait pas, que j’étais seule chez nous avec lui pis que j’avais peur en criss parce que si je le confrontais soit j’arrivais à le faire partir, soit j’arrivais à le mettre en colère pis que who know what après. Le gars fait 6 pieds, s’entraîne au gym et doit faire le double de mon poids : j’ai fait la morte comme on dit, en espérant que ça passe, en espérant que ça n’aille pas plus loin que ses mains sur mon corps. Je n’ai pas dormi cette nuit-là, j’ai été terrorisée chez nous dans mon propre lit, dans ma propre maison, pis j’ai crissement mal dormi un couple de nuits suivantes.

Quand je lui ai dit que je voulais plus le revoir le lendemain à cause de ce qu’il avait fait toute la nuit sa réponse fût :

« Hein ? Je m’en suis jamais rendu compte, je devais dormir… »

Déjà j’entends les partisans de la culture du viol me dire « OUIN MAIS T’AURAIS JAMAIS DÛ L’INVITÉ À DORMIR CHEZ VOUS

Criss, on est supposé pouvoir dormir avec quelqu’un sans qu’il nous agresse.

Les répercussions de ça, c’est que maintenant quand j’ai envie de chaleur humaine, j’y repense deux fois pis ça finit que j’fais dodo en cuillère avec mon chien. C’est triste non, de penser que maintenant quand une femme veut seulement faire un câlin, elle doit se préparer mentalement à l’éventualité de devoir repousser quelqu’un pour des contacts sexuels qu’elle n’a jamais sollicités. T’as juste envie de serrer quelqu’un dans tes bras pis même quand tu prends la peine de dire 800x que c’est juste de l’affection, y’a quand même un risque de devoir dealer avec quelque chose qui ne t’intéresse pas pantoute pis qui peut même te mettre en danger.

  • Je me suis faite agressée parce qu’un soir j’ai décidée d’aller prendre un verre avec un collègue de travail marié.

C’est anodin en tabarnack aller prendre un verre avec un collègue de travail. Il est passé me chercher chez moi, on est arrivés au bar, on s’est assis pis on sirotait des bières tranquillement. Pour moi l’affaire était sans suite, le gars est marié et ne m’attire pas donc il ne peut rien m’arriver. La soirée se déroulait de façon très agréable, on parlait de sa relation, des miennes, de son bébé, de sexe, de mon besoin de quitter Montréal, de ses rénovations, de mon envie d’acheter une maison etc… Pour moi une discussion ben normal entre deux amis. Je me rappelle avoir bu environ 4 bières et à un moment je sais que je suis un peu pompette puis la soirée devient floue. Je me rappelle qu’on a chanté des vieilles chansons à tue-tête dans sa voiture, les fenêtres ouvertes pis je me rappel m’être ‘’réveillée’’ dans mon lit avec lui par-dessus moi, ma robe retroussée pis lui juste en boxer. Ça comme été une chaudière de glaçon direct sur la gueule, comment tu passes d’un bar pompette à te ‘’réveiller’’ dans ton lit avec par-dessus toi quelqu’un que tu désir aucunement ?! Je l’ai repoussé de toute mes forces, je l’ai fait tomber en bas du lit, je lui ai hurler de décrissé en le poussant dehors et en lui garochant son linge. Le lendemain je lui écris, j’essaye de savoir ce qui s’est passé à partir du bar pour recoller les pièces du puzzle manquant. Quand je lui pose des questions, ses réponses sont que j’ai flirter avec lui à outrance, que je lui ai fait des avances, que je lui ai littéralement sauter dessus dans l’auto etc… Quand je lui mentionne mon état semi consciente il se défends et renvois encore le fait que j’étais très insistante. Sur son ton de réponse, je sens tout de suite que quelque chose cloche. C’est juste à en parlant avec ma meilleure amie de l’époque, quelques jours plus tard, que j’ai réalisé que je venais de me sauver d’un viol in extremis. C’est en racontant ma soirée que mon amie bien sérieuse me demande : « Pense-tu qu’il a mis quelque chose dans ton verre ? Parce qu’on a virer des brosses ensemble toi et moi pendant des années au vin pis au fort et jamais après 4 bières tu perds la carte de même au point d’oublier le ¾ de ta soirée voyons donc… »

Je me rappelle toutes les soirées au cegep ou j’ai bu beaucoup plus que ça et le lendemain je racontais à tout le monde toutes les niaiseries de ceux qui ne se rappellent pas. Je recalcule le nombre de verre sur notre table avant que ça devienne trop flou, le barman qui est un bon ami à lui. Je réalise que quelque chose ne colle pas. Mon collègue de travail qui met la drogue du viol dans mon verre ou son ami barmaid. Ciboire.

« CE N’EST PAS CORRECT D’ALLER PRENDRE UN VERRE AVEC UN HOMME MARIÉ » / « T’AURAIS DU FAIRE ATTENTION À TES VERRES » / « T’AURAIS DU MOINS BOIRE »

J’entends déjà votre rejet systématique de sa faute à lui pour mettre ça sur mon dos. *soupir*

Criss, on est supposé pouvoir se saouler la face sans avoir peur de se faire violer.

Criss, on est supposé pouvoir prendre un verre avec quelqu’un sans avoir peur de se faire droguer.

Criss, on est supposé pouvoir faire confiance aux gens de pas être des osti de déchet pis d’agir en raclure de vidange. La répercussion de ça c’est qu’aujourd’hui avant de partir un peu sa brosse j’y pense plutôt deux fois qu’une. La drogue du viol, ce n’est pas la première fois que je m’en fais mettre dans mon verre. Ça m’était déjà arrivé quelques années avant dans un club de Laval. Une bière et une demie bouteille de mousseux plus tard mes jambes me tiennent plus debout sur laa piste de danse. Mon amie tellement inquiète appelle mon amoureux du moment parce que j’arrive plus à marcher. Je l’entends encore me demander « Voyons Lexia, peux-tu marcher, qu’est-ce qui se passe ?!?!» . J’avais les paupières tellement lourdes, l’esprit tellement absent, les jambes tellement molles que je manquais de tomber chaque deux pas… Je fais le calcul : une bière à 5%, une demi-bouteille de mousseux cheap de bar à probablement 7%...Pas de quoi faire perdre connaissance à quelqu’un. Comme tout était en bouteille, j’opte pour le gars qui était au bar. Inutile de vous dire que je ne suis jamais retournée dans ce bar.

  • Je me suis faite agresser par un gars qui dormait à côté de moi dans le salon d’une amie à Trois-Rivières.

Je me suis réveillée en plein milieu de la nuit pis il était couché avec moi dans mon petit lit de camp, ses mains partout sur moi. Au début, je n’étais pas certaine de ‘’rêver’’. Encore un peu dans brûme je suis resté immobile, en attendant de voir si le mauvais rêve allait se dissiper, mais non, c’est juste devenu plus clair pis plus dégueulasse. Dès que je me suis mise à bouger il a arrêté, le connard. Quand j’ai fait mine de dormir, il a recommencé à me toucher. Je me suis levé, le cœur qui battait tellement fort que j’en avais mal au cœur, je n’ai pas fait un bruit pis j’ai ramassé soigneusement mes choses pour partir. Une fois dans l’auto pis j’ai appelé mon amoureux en pleurant, je ne réalisais pas trop ce qui venait juste de m’arriver. Quand j’ai dit à mon amie le lendemain ce que son ami avait fait, elle m’a dit qu’elle ne voulait pas de drame pis qu’elle ne me croyait pas. Partir en plein milieu de la nuit sans réveiller personne pour faire 2h de route justement pour pas faire de drame c’était déjà du drame.

Criss on est censer pouvoir s’endormir seul et tranquille sans se faire réveiller par les mains trop curieuses de quelqu’un qui s’est installé dans notre lit sans demander.

La répercussion de ça, c’est que maintenant dormir ailleurs que chez nous avec des gens je ne connais pas ça me rends moins à l’aise que jadis.

__________________________________________________________

Je suis écœurée raide que moi et des millions d’autres femmes vivions dans la peur d’un jour faire LE move qui déclenchera les instincts non contrôlés d’un homme (car majoritairement les agressions / abus / viols sont perpétrés par des hommes) qui croient bon de prendre ce qu’ils veulent simplement parce qu’ils croient pouvoir. Depuis quand c’est ok le viol, les agressions pis les abus ? Quand est-ce qu’on a, en tant que société, décidé de tracer la ligne qu’après 6 bières t’as pu le choix d’endurer les mains insistantes de ton voisin? Ou qu’après 10 minutes de french t’as pu le choix de coucher ? Ou que tu n’as pas le choix d’endurer des commentaires déplacés quand t’es habillé un peu sexy ? Ou de te faire suivre le soir parce que tu marches seule ? QUAND ?!?!?!

Ça fait longtemps que ce texte-là est dans mon ordinateur. Que je me demande quand est-ce que j’aurai le courage de parler de ça. C’est personnel hein, parler de ça : d’abus, de viol, d’agressions et d’attouchements non consenti. C’est personnel parce qu’on fond de chacune de personne qui a subi ce genre d’événement réside une profonde culpabilité que la société se charge bien de faire peser sur nos épaules. Parce que quelque part dans la vie, y’a quelqu’un qui a pensé que ça serait bon de faire culpabiliser quelqu’un de déjà fortement affecté ou traumatisé par des abus, des agressions et même des viols. Pis ce qui n’est pas normal, c’est justement ça.

Avec tout ce qui se passe, tous les témoignages, ça me fait juste réaliser à quel point la société BANALISE le viol et les agressions. Y’a même des femmes qui font l’apologie du viol pis des agressions ! Oui, oui ! Pis encore en 2020 on se le fait dire en tabarnack que c’est notre faute hein, ON L’A CHERCHER CETTE AGRESSION / VIOL LÀ T’SAIS BEN, les hommes sont juste des animaux faibles victimes de leurs instincts et pulsions sexuelles. Parce que tous les comportements suivants on le sait bien, appellent et demandent aux viols et aux agressions :

Marcher dans une ruelle un peu trop tard la nuit #notsafe

Être habillée trop sexy #toosexy

Rire trop fort à ses blagues #flirtingback

Dire non à quelque chose que je n’avais pas vraiment envie de

Me faire mettre la drogue du viol dans mon verre, à mon insu #notcaringenough

Avoir trop bu pis trop faire le party #drinkingtoomuch

Être trop ouvertement sexuelle #slut

Pis quand on s’écœure de se faire aborder de façon fucking déplacée par des inconnus pis de se faire toucher de façon tout aussi déplacé ben tu sais ben, on est trop prude pis on exagère. #prude #frigide

Pis TELLEMENT d’autres...

Souvent avec cette peur-là vient avec tous les jugements masculins qui nous martèlent la tête :

Trop mince, trop grosse - Trop grande, trop petite - Trop musclée, trop chétive - Trop blonde, trop brune - Trop maquillée, trop naturelle - Trop sexuelle, trop frigide - Trop sexy, trop prude – Trop féminine, trop garçon manqué - Trop direct, trop détournée - Trop opiniâtre, trop molasse

Au quotidien toujours et sans cesse des opinions sur nous, majoritairement de la part d’hommes qui nous parlent comme si eux avaient tout compris à des problèmes qui ne les affectent pas où comme s’ils avaient leur mot à dire sur notre propre corps alors qu’en réalité, sorry not sorry, on s’en fou tellement de votre opinion. Nous vivons systématiquement de la violence, tellement de violence. Sans même vous en rendre compte, dans beaucoup de vos propos, de vos actions vous encourager cette violence faites aux femmes.

Nous vivons la peur au ventre chaque jour qui passe. Nous ne vivons pas comme des victimes, nous vivons comme des guerrières. Parce que ce n’est pas ‘’de temps en temps’’ c’est chaque criss de jour, partout dans le monde. La force que ça prend dealer avec toute cette connerie ? IMMENSE.

Je ne savais pas où je m’en allais avec mon texte. Je ne savais pas ce que je pouvais apporter de nouveau à cette cause qui me dépasse, la mienne, mais celle de combien d’autres aussi ? Depuis quelques temps j’entends souvent « Ouin mais ça change quoi de dénoncé anonymement les ordures pis de rien faire d’autre, concrètement ça ne change rien... »

Premièrement, ce n’est pas à toi de nous expliquer comment nous voulons faire changer les choses. Certaines sont prêtes à se lever et crier bien fort, d’autres commencent à peine à en parler et combien d’autres commencent probablement juste à réaliser la gravité et l’ampleur de ce qu’elles avaient bien soigneusement enterrer dans leur mémoire ? Qui es-tu pour juger de ce que nous avons de besoin de faire et comment nous décidons de partager au reste de la société cette réalité qu’est la nôtre ?

Deuxièmement, pour la première fois depuis longtemps ENFIN, nous avons une tribune et nous nous soulevons. Ce mouvement est historique. Tu n’as l’impression que rien ne bouge, voilà bien une opinion d’homme blanc privilégié pour qui tout est toujours plus facile et rapide. Tu crois que nos témoignages font de nous que des plaignardes inactives ? Réalise-tu qu’il existe la possibilité qu’un de ses innombrables témoignages aide un homme à réaliser la teneur et l’impact de ses propos ? Si UN SEUL HOMME pouvait changer ou remettre en question ses comportements à la lecture d’un témoignage ce serait déjà une belle victoire, ce serait déjà un prédateur de moins dans les rues, un prédateur de moins pour ta sœur, ta femme, ta fille, ta mère... Et puis, IMAGINE, si cet homme décourage ses chums de gars quand ils ont des comportements un peu merdiques... Ne trouve-tu pas que ces témoignages feraient finalement beaucoup de chemin ? Partout des tribunes et des programmes se mettent en place suite aux différents soulèvements, mais tu décides de voir les femmes comme étant des plaignardes inutiles. Ça t’appartient. Sache toutefois qu’il est impossible de changer une société overnight et que ces petits pas que tu juges innocents sont en train de faire toute la différence POUR NOUS.

Réalise-tu qu’avec ce mouvement peut-être plusieurs victimes pourront s’allier et donner plus de poids à des mesures judiciaires, des mesures judiciaires qui autrement seraient encore balayées vite sous le tapis autrement ?

C’est le commencement du changement et mon coco tu ne sembles qu’en percevoir une infime partie. Fais-nous confiance, y’a 50 ans ont avait même pas le droit de vote, ni d’avoir de compte en banque.

Merci à toutes celles, guerrières, qui participent à ce changement.

Merci aux alliées silencieuses

Merci aux autres qui ne comprennent rien, vous êtes la raison pourquoi cette cause prends autant d’ampleur.

Un pas à la fois. Il y a des textes que j’écris sans trop y penser, je me vautre dans mon imagination et mes pensées tordues et je me laisse écrire.

Il y d’autres textes qui font mal, par leur nécessité, mais aussi par ce qu’ils donnent comme image du reste du monde.

Aujourd’hui ce texte ne sera pas érotique, il ne sera pas beau. Il sera laid, honteux, injuste, perfide, insinueux, sexiste, agressif, violant. Pourquoi écrire quand c’est laid ? Parce que c’est vrai. Parce que c’est la réalité de milliers d’autres femmes qui ne trouveront peut-être jamais le courage d’en parler, de se l’avouer, d’y penser. JE ME SUIS FAITE AGRESSER 2X ET JE ME SUIS SAUVÉE D’UNE TENTATIVE DE VIOL IN EXTREMIS. Moi, oui, pas la femme à l’autre bout du monde dans une culture complètement différente, non c’est la femme dans le même pays que toi, probablement dans la même province aussi, peut-être aussi dans la même ville. Je suis peut-être ta sœur, ta mère, ta cousine, ton amie ou ta collègue de travail.

  • Je me suis faite agressée parce que j’ai invité une date à venir dormir chez moi après une super journée de plein air.


J’avais pourtant été bien claire que c’était pour dormir coller, rien d’autre. J’avais envie de chaleur humaine. Au début c’était ben correct on dormait en cuillère lui en boxer t-shirt pis moi en pyjamas fleurit pis un moment donner juste avant que je m’endorme il s’est mis à me toucher à des endroits que je n’avais pas envie qu’il me touche [seins, fesses, parties génitales]. J’ai repoussé ses mains plusieurs fois, j’ai dit non, je lui ai dit d’arrêter. Il arrêtait quelques minutes, puis recommençait. Il attendait que je dorme ou je ne sais pas quoi. Un moment donné j’ai réalisé qu’il n’arrêterait pas, que j’étais seule chez nous avec lui pis que j’avais peur en criss parce que si je le confrontais soit j’arrivais à le faire partir, soit j’arrivais à le mettre en colère pis que who know what après. Le gars fait 6 pieds, s’entraîne au gym et doit faire le double de mon poids : j’ai fait la morte comme on dit, en espérant que ça passe, en espérant que ça n’aille pas plus loin que ses mains sur mon corps. Je n’ai pas dormi cette nuit-là, j’ai été terrorisée chez nous dans mon propre lit, dans ma propre maison, pis j’ai crissement mal dormi un couple de nuits suivantes.

Quand je lui ai dit que je voulais plus le revoir le lendemain à cause de ce qu’il avait fait toute la nuit sa réponse fût :

« Hein ? Je m’en suis jamais rendu compte, je devais dormir… »

Déjà j’entends les partisans de la culture du viol me dire « OUIN MAIS T’AURAIS JAMAIS DÛ L’INVITÉ À DORMIR CHEZ VOUS

Criss, on est supposé pouvoir dormir avec quelqu’un sans qu’il nous agresse.

Les répercussions de ça, c’est que maintenant quand j’ai envie de chaleur humaine, j’y repense deux fois pis ça finit que j’fais dodo en cuillère avec mon chien. C’est triste non, de penser que maintenant quand une femme veut seulement faire un câlin, elle doit se préparer mentalement à l’éventualité de devoir repousser quelqu’un pour des contacts sexuels qu’elle n’a jamais sollicités. T’as juste envie de serrer quelqu’un dans tes bras pis même quand tu prends la peine de dire 800x que c’est juste de l’affection, y’a quand même un risque de devoir dealer avec quelque chose qui ne t’intéresse pas pantoute pis qui peut même te mettre en danger.

  • Je me suis faite agressée parce qu’un soir j’ai décidée d’aller prendre un verre avec un collègue de travail marié.

C’est anodin en tabarnack aller prendre un verre avec un collègue de travail. Il est passé me chercher chez moi, on est arrivés au bar, on s’est assis pis on sirotait des bières tranquillement. Pour moi l’affaire était sans suite, le gars est marié et ne m’attire pas donc il ne peut rien m’arriver. La soirée se déroulait de façon très agréable, on parlait de sa relation, des miennes, de son bébé, de sexe, de mon besoin de quitter Montréal, de ses rénovations, de mon envie d’acheter une maison etc… Pour moi une discussion ben normal entre deux amis. Je me rappelle avoir bu environ 4 bières et à un moment je sais que je suis un peu pompette puis la soirée devient floue. Je me rappelle qu’on a chanté des vieilles chansons à tue-tête dans sa voiture, les fenêtres ouvertes pis je me rappel m’être ‘’réveillée’’ dans mon lit avec lui par-dessus moi, ma robe retroussée pis lui juste en boxer. Ça comme été une chaudière de glaçon direct sur la gueule, comment tu passes d’un bar pompette à te ‘’réveiller’’ dans ton lit avec par-dessus toi quelqu’un que tu désir aucunement ?! Je l’ai repoussé de toute mes forces, je l’ai fait tomber en bas du lit, je lui ai hurler de décrissé en le poussant dehors et en lui garochant son linge. Le lendemain je lui écris, j’essaye de savoir ce qui s’est passé à partir du bar pour recoller les pièces du puzzle manquant. Quand je lui pose des questions, ses réponses sont que j’ai flirter avec lui à outrance, que je lui ai fait des avances, que je lui ai littéralement sauter dessus dans l’auto etc… Quand je lui mentionne mon état semi consciente il se défends et renvois encore le fait que j’étais très insistante. Sur son ton de réponse, je sens tout de suite que quelque chose cloche. C’est juste à en parlant avec ma meilleure amie de l’époque, quelques jours plus tard, que j’ai réalisé que je venais de me sauver d’un viol in extremis. C’est en racontant ma soirée que mon amie bien sérieuse me demande : « Pense-tu qu’il a mis quelque chose dans ton verre ? Parce qu’on a virer des brosses ensemble toi et moi pendant des années au vin pis au fort et jamais après 4 bières tu perds la carte de même au point d’oublier le ¾ de ta soirée voyons donc… »

Je me rappelle toutes les soirées au cegep ou j’ai bu beaucoup plus que ça et le lendemain je racontais à tout le monde toutes les niaiseries de ceux qui ne se rappellent pas. Je recalcule le nombre de verre sur notre table avant que ça devienne trop flou, le barman qui est un bon ami à lui. Je réalise que quelque chose ne colle pas. Mon collègue de travail qui met la drogue du viol dans mon verre ou son ami barmaid. Ciboire.

« CE N’EST PAS CORRECT D’ALLER PRENDRE UN VERRE AVEC UN HOMME MARIÉ » / « T’AURAIS DU FAIRE ATTENTION À TES VERRES » / « T’AURAIS DU MOINS BOIRE »

J’entends déjà votre rejet systématique de sa faute à lui pour mettre ça sur mon dos. *soupir*

Criss, on est supposé pouvoir se saouler la face sans avoir peur de se faire violer.

Criss, on est supposé pouvoir prendre un verre avec quelqu’un sans avoir peur de se faire droguer.

Criss, on est supposé pouvoir faire confiance aux gens de pas être des osti de déchet pis d’agir en raclure de vidange. La répercussion de ça c’est qu’aujourd’hui avant de partir un peu sa brosse j’y pense plutôt deux fois qu’une. La drogue du viol, ce n’est pas la première fois que je m’en fais mettre dans mon verre. Ça m’était déjà arrivé quelques années avant dans un club de Laval. Une bière et une demie bouteille de mousseux plus tard mes jambes me tiennent plus debout sur laa piste de danse. Mon amie tellement inquiète appelle mon amoureux du moment parce que j’arrive plus à marcher. Je l’entends encore me demander « Voyons Lexia, peux-tu marcher, qu’est-ce qui se passe ?!?!» . J’avais les paupières tellement lourdes, l’esprit tellement absent, les jambes tellement molles que je manquais de tomber chaque deux pas… Je fais le calcul : une bière à 5%, une demi-bouteille de mousseux cheap de bar à probablement 7%...Pas de quoi faire perdre connaissance à quelqu’un. Comme tout était en bouteille, j’opte pour le gars qui était au bar. Inutile de vous dire que je ne suis jamais retournée dans ce bar.

  • Je me suis faite agresser par un gars qui dormait à côté de moi dans le salon d’une amie à Trois-Rivières.

Je me suis réveillée en plein milieu de la nuit pis il était couché avec moi dans mon petit lit de camp, ses mains partout sur moi. Au début, je n’étais pas certaine de ‘’rêver’’. Encore un peu dans brûme je suis resté immobile, en attendant de voir si le mauvais rêve allait se dissiper, mais non, c’est juste devenu plus clair pis plus dégueulasse. Dès que je me suis mise à bouger il a arrêté, le connard. Quand j’ai fait mine de dormir, il a recommencé à me toucher. Je me suis levé, le cœur qui battait tellement fort que j’en avais mal au cœur, je n’ai pas fait un bruit pis j’ai ramassé soigneusement mes choses pour partir. Une fois dans l’auto pis j’ai appelé mon amoureux en pleurant, je ne réalisais pas trop ce qui venait juste de m’arriver. Quand j’ai dit à mon amie le lendemain ce que son ami avait fait, elle m’a dit qu’elle ne voulait pas de drame pis qu’elle ne me croyait pas. Partir en plein milieu de la nuit sans réveiller personne pour faire 2h de route justement pour pas faire de drame c’était déjà du drame.

Criss on est censer pouvoir s’endormir seul et tranquille sans se faire réveiller par les mains trop curieuses de quelqu’un qui s’est installé dans notre lit sans demander.

La répercussion de ça, c’est que maintenant dormir ailleurs que chez nous avec des gens je ne connais pas ça me rends moins à l’aise que jadis.

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Je suis écœurée raide que moi et des millions d’autres femmes vivions dans la peur d’un jour faire LE move qui déclenchera les instincts non contrôlés d’un homme (car majoritairement les agressions / abus / viols sont perpétrés par des hommes) qui croient bon de prendre ce qu’ils veulent simplement parce qu’ils croient pouvoir. Depuis quand c’est ok le viol, les agressions pis les abus ? Quand est-ce qu’on a, en tant que société, décidé de tracer la ligne qu’après 6 bières t’as pu le choix d’endurer les mains insistantes de ton voisin? Ou qu’après 10 minutes de french t’as pu le choix de coucher ? Ou que tu n’as pas le choix d’endurer des commentaires déplacés quand t’es habillé un peu sexy ? Ou de te faire suivre le soir parce que tu marches seule ? QUAND ?!?!?!

Ça fait longtemps que ce texte-là est dans mon ordinateur. Que je me demande quand est-ce que j’aurai le courage de parler de ça. C’est personnel hein, parler de ça : d’abus, de viol, d’agressions et d’attouchements non consenti. C’est personnel parce qu’on fond de chacune de personne qui a subi ce genre d’événement réside une profonde culpabilité que la société se charge bien de faire peser sur nos épaules. Parce que quelque part dans la vie, y’a quelqu’un qui a pensé que ça serait bon de faire culpabiliser quelqu’un de déjà fortement affecté ou traumatisé par des abus, des agressions et même des viols. Pis ce qui n’est pas normal, c’est justement ça.

Avec tout ce qui se passe, tous les témoignages, ça me fait juste réaliser à quel point la société BANALISE le viol et les agressions. Y’a même des femmes qui font l’apologie du viol pis des agressions ! Oui, oui ! Pis encore en 2020 on se le fait dire en tabarnack que c’est notre faute hein, ON L’A CHERCHER CETTE AGRESSION / VIOL LÀ T’SAIS BEN, les hommes sont juste des animaux faibles victimes de leurs instincts et pulsions sexuelles. Parce que tous les comportements suivants on le sait bien, appellent et demandent aux viols et aux agressions :

Marcher dans une ruelle un peu trop tard la nuit #notsafe

Être habillée trop sexy #toosexy

Rire trop fort à ses blagues #flirtingback

Dire non à quelque chose que je n’avais pas vraiment envie de

Me faire mettre la drogue du viol dans mon verre, à mon insu #notcaringenough

Avoir trop bu pis trop faire le party #drinkingtoomuch

Être trop ouvertement sexuelle #slut

Pis quand on s’écœure de se faire aborder de façon fucking déplacée par des inconnus pis de se faire toucher de façon tout aussi déplacé ben tu sais ben, on est trop prude pis on exagère. #prude #frigide

Pis TELLEMENT d’autres...

Souvent avec cette peur-là vient avec tous les jugements masculins qui nous martèlent la tête :

Trop mince, trop grosse - Trop grande, trop petite - Trop musclée, trop chétive - Trop blonde, trop brune - Trop maquillée, trop naturelle - Trop sexuelle, trop frigide - Trop sexy, trop prude – Trop féminine, trop garçon manqué - Trop direct, trop détournée - Trop opiniâtre, trop molasse

Au quotidien toujours et sans cesse des opinions sur nous, majoritairement de la part d’hommes qui nous parlent comme si eux avaient tout compris à des problèmes qui ne les affectent pas où comme s’ils avaient leur mot à dire sur notre propre corps alors qu’en réalité, sorry not sorry, on s’en fou tellement de votre opinion. Nous vivons systématiquement de la violence, tellement de violence. Sans même vous en rendre compte, dans beaucoup de vos propos, de vos actions vous encourager cette violence faites aux femmes.

Nous vivons la peur au ventre chaque jour qui passe. Nous ne vivons pas comme des victimes, nous vivons comme des guerrières. Parce que ce n’est pas ‘’de temps en temps’’ c’est chaque criss de jour, partout dans le monde. La force que ça prend dealer avec toute cette connerie ? IMMENSE.

Je ne savais pas où je m’en allais avec mon texte. Je ne savais pas ce que je pouvais apporter de nouveau à cette cause qui me dépasse, la mienne, mais celle de combien d’autres aussi ? Depuis quelques temps j’entends souvent « Ouin mais ça change quoi de dénoncé anonymement les ordures pis de rien faire d’autre, concrètement ça ne change rien... »

Premièrement, ce n’est pas à toi de nous expliquer comment nous voulons faire changer les choses. Certaines sont prêtes à se lever et crier bien fort, d’autres commencent à peine à en parler et combien d’autres commencent probablement juste à réaliser la gravité et l’ampleur de ce qu’elles avaient bien soigneusement enterrer dans leur mémoire ? Qui es-tu pour juger de ce que nous avons de besoin de faire et comment nous décidons de partager au reste de la société cette réalité qu’est la nôtre ?

Deuxièmement, pour la première fois depuis longtemps ENFIN, nous avons une tribune et nous nous soulevons. Ce mouvement est historique. Tu n’as l’impression que rien ne bouge, voilà bien une opinion d’homme blanc privilégié pour qui tout est toujours plus facile et rapide. Tu crois que nos témoignages font de nous que des plaignardes inactives ? Réalise-tu qu’il existe la possibilité qu’un de ses innombrables témoignages aide un homme à réaliser la teneur et l’impact de ses propos ? Si UN SEUL HOMME pouvait changer ou remettre en question ses comportements à la lecture d’un témoignage ce serait déjà une belle victoire, ce serait déjà un prédateur de moins dans les rues, un prédateur de moins pour ta sœur, ta femme, ta fille, ta mère... Et puis, IMAGINE, si cet homme décourage ses chums de gars quand ils ont des comportements un peu merdiques... Ne trouve-tu pas que ces témoignages feraient finalement beaucoup de chemin ? Partout des tribunes et des programmes se mettent en place suite aux différents soulèvements, mais tu décides de voir les femmes comme étant des plaignardes inutiles. Ça t’appartient. Sache toutefois qu’il est impossible de changer une société overnight et que ces petits pas que tu juges innocents sont en train de faire toute la différence POUR NOUS.

Réalise-tu qu’avec ce mouvement peut-être plusieurs victimes pourront s’allier et donner plus de poids à des mesures judiciaires, des mesures judiciaires qui autrement seraient encore balayées vite sous le tapis autrement ?

C’est le commencement du changement et mon coco tu ne sembles qu’en percevoir une infime partie. Fais-nous confiance, y’a 50 ans ont avait même pas le droit de vote, ni d’avoir de compte en banque.

Merci à toutes celles, guerrières, qui participent à ce changement.

Merci aux alliées silencieuses

Merci aux autres qui ne comprennent rien, vous êtes la raison pourquoi cette cause prends autant d’ampleur.

Un pas à la fois. Il y a des textes que j’écris sans trop y penser, je me vautre dans mon imagination et mes pensées tordues et je me laisse écrire.

Il y d’autres textes qui font mal, par leur nécessité, mais aussi par ce qu’ils donnent comme image du reste du monde.

Aujourd’hui ce texte ne sera pas érotique, il ne sera pas beau. Il sera laid, honteux, injuste, perfide, insinueux, sexiste, agressif, violant. Pourquoi écrire quand c’est laid ? Parce que c’est vrai. Parce que c’est la réalité de milliers d’autres femmes qui ne trouveront peut-être jamais le courage d’en parler, de se l’avouer, d’y penser. JE ME SUIS FAITE AGRESSER 2X ET JE ME SUIS SAUVÉE D’UNE TENTATIVE DE VIOL IN EXTREMIS. Moi, oui, pas la femme à l’autre bout du monde dans une culture complètement différente, non c’est la femme dans le même pays que toi, probablement dans la même province aussi, peut-être aussi dans la même ville. Je suis peut-être ta sœur, ta mère, ta cousine, ton amie ou ta collègue de travail.

  • Je me suis faite agressée parce que j’ai invité une date à venir dormir chez moi après une super journée de plein air.


J’avais pourtant été bien claire que c’était pour dormir coller, rien d’autre. J’avais envie de chaleur humaine. Au début c’était ben correct on dormait en cuillère lui en boxer t-shirt pis moi en pyjamas fleurit pis un moment donner juste avant que je m’endorme il s’est mis à me toucher à des endroits que je n’avais pas envie qu’il me touche [seins, fesses, parties génitales]. J’ai repoussé ses mains plusieurs fois, j’ai dit non, je lui ai dit d’arrêter. Il arrêtait quelques minutes, puis recommençait. Il attendait que je dorme ou je ne sais pas quoi. Un moment donné j’ai réalisé qu’il n’arrêterait pas, que j’étais seule chez nous avec lui pis que j’avais peur en criss parce que si je le confrontais soit j’arrivais à le faire partir, soit j’arrivais à le mettre en colère pis que who know what après. Le gars fait 6 pieds, s’entraîne au gym et doit faire le double de mon poids : j’ai fait la morte comme on dit, en espérant que ça passe, en espérant que ça n’aille pas plus loin que ses mains sur mon corps. Je n’ai pas dormi cette nuit-là, j’ai été terrorisée chez nous dans mon propre lit, dans ma propre maison, pis j’ai crissement mal dormi un couple de nuits suivantes.

Quand je lui ai dit que je voulais plus le revoir le lendemain à cause de ce qu’il avait fait toute la nuit sa réponse fût :

« Hein ? Je m’en suis jamais rendu compte, je devais dormir… »

Déjà j’entends les partisans de la culture du viol me dire « OUIN MAIS T’AURAIS JAMAIS DÛ L’INVITÉ À DORMIR CHEZ VOUS

Criss, on est supposé pouvoir dormir avec quelqu’un sans qu’il nous agresse.

Les répercussions de ça, c’est que maintenant quand j’ai envie de chaleur humaine, j’y repense deux fois pis ça finit que j’fais dodo en cuillère avec mon chien. C’est triste non, de penser que maintenant quand une femme veut seulement faire un câlin, elle doit se préparer mentalement à l’éventualité de devoir repousser quelqu’un pour des contacts sexuels qu’elle n’a jamais sollicités. T’as juste envie de serrer quelqu’un dans tes bras pis même quand tu prends la peine de dire 800x que c’est juste de l’affection, y’a quand même un risque de devoir dealer avec quelque chose qui ne t’intéresse pas pantoute pis qui peut même te mettre en danger.

  • Je me suis faite agressée parce qu’un soir j’ai décidée d’aller prendre un verre avec un collègue de travail marié.

C’est anodin en tabarnack aller prendre un verre avec un collègue de travail. Il est passé me chercher chez moi, on est arrivés au bar, on s’est assis pis on sirotait des bières tranquillement. Pour moi l’affaire était sans suite, le gars est marié et ne m’attire pas donc il ne peut rien m’arriver. La soirée se déroulait de façon très agréable, on parlait de sa relation, des miennes, de son bébé, de sexe, de mon besoin de quitter Montréal, de ses rénovations, de mon envie d’acheter une maison etc… Pour moi une discussion ben normal entre deux amis. Je me rappelle avoir bu environ 4 bières et à un moment je sais que je suis un peu pompette puis la soirée devient floue. Je me rappelle qu’on a chanté des vieilles chansons à tue-tête dans sa voiture, les fenêtres ouvertes pis je me rappel m’être ‘’réveillée’’ dans mon lit avec lui par-dessus moi, ma robe retroussée pis lui juste en boxer. Ça comme été une chaudière de glaçon direct sur la gueule, comment tu passes d’un bar pompette à te ‘’réveiller’’ dans ton lit avec par-dessus toi quelqu’un que tu désir aucunement ?! Je l’ai repoussé de toute mes forces, je l’ai fait tomber en bas du lit, je lui ai hurler de décrissé en le poussant dehors et en lui garochant son linge. Le lendemain je lui écris, j’essaye de savoir ce qui s’est passé à partir du bar pour recoller les pièces du puzzle manquant. Quand je lui pose des questions, ses réponses sont que j’ai flirter avec lui à outrance, que je lui ai fait des avances, que je lui ai littéralement sauter dessus dans l’auto etc… Quand je lui mentionne mon état semi consciente il se défends et renvois encore le fait que j’étais très insistante. Sur son ton de réponse, je sens tout de suite que quelque chose cloche. C’est juste à en parlant avec ma meilleure amie de l’époque, quelques jours plus tard, que j’ai réalisé que je venais de me sauver d’un viol in extremis. C’est en racontant ma soirée que mon amie bien sérieuse me demande : « Pense-tu qu’il a mis quelque chose dans ton verre ? Parce qu’on a virer des brosses ensemble toi et moi pendant des années au vin pis au fort et jamais après 4 bières tu perds la carte de même au point d’oublier le ¾ de ta soirée voyons donc… »

Je me rappelle toutes les soirées au cegep ou j’ai bu beaucoup plus que ça et le lendemain je racontais à tout le monde toutes les niaiseries de ceux qui ne se rappellent pas. Je recalcule le nombre de verre sur notre table avant que ça devienne trop flou, le barman qui est un bon ami à lui. Je réalise que quelque chose ne colle pas. Mon collègue de travail qui met la drogue du viol dans mon verre ou son ami barmaid. Ciboire.

« CE N’EST PAS CORRECT D’ALLER PRENDRE UN VERRE AVEC UN HOMME MARIÉ » / « T’AURAIS DU FAIRE ATTENTION À TES VERRES » / « T’AURAIS DU MOINS BOIRE »

J’entends déjà votre rejet systématique de sa faute à lui pour mettre ça sur mon dos. *soupir*

Criss, on est supposé pouvoir se saouler la face sans avoir peur de se faire violer.

Criss, on est supposé pouvoir prendre un verre avec quelqu’un sans avoir peur de se faire droguer.

Criss, on est supposé pouvoir faire confiance aux gens de pas être des osti de déchet pis d’agir en raclure de vidange. La répercussion de ça c’est qu’aujourd’hui avant de partir un peu sa brosse j’y pense plutôt deux fois qu’une. La drogue du viol, ce n’est pas la première fois que je m’en fais mettre dans mon verre. Ça m’était déjà arrivé quelques années avant dans un club de Laval. Une bière et une demie bouteille de mousseux plus tard mes jambes me tiennent plus debout sur laa piste de danse. Mon amie tellement inquiète appelle mon amoureux du moment parce que j’arrive plus à marcher. Je l’entends encore me demander « Voyons Lexia, peux-tu marcher, qu’est-ce qui se passe ?!?!» . J’avais les paupières tellement lourdes, l’esprit tellement absent, les jambes tellement molles que je manquais de tomber chaque deux pas… Je fais le calcul : une bière à 5%, une demi-bouteille de mousseux cheap de bar à probablement 7%...Pas de quoi faire perdre connaissance à quelqu’un. Comme tout était en bouteille, j’opte pour le gars qui était au bar. Inutile de vous dire que je ne suis jamais retournée dans ce bar.

  • Je me suis faite agresser par un gars qui dormait à côté de moi dans le salon d’une amie à Trois-Rivières.

Je me suis réveillée en plein milieu de la nuit pis il était couché avec moi dans mon petit lit de camp, ses mains partout sur moi. Au début, je n’étais pas certaine de ‘’rêver’’. Encore un peu dans brûme je suis resté immobile, en attendant de voir si le mauvais rêve allait se dissiper, mais non, c’est juste devenu plus clair pis plus dégueulasse. Dès que je me suis mise à bouger il a arrêté, le connard. Quand j’ai fait mine de dormir, il a recommencé à me toucher. Je me suis levé, le cœur qui battait tellement fort que j’en avais mal au cœur, je n’ai pas fait un bruit pis j’ai ramassé soigneusement mes choses pour partir. Une fois dans l’auto pis j’ai appelé mon amoureux en pleurant, je ne réalisais pas trop ce qui venait juste de m’arriver. Quand j’ai dit à mon amie le lendemain ce que son ami avait fait, elle m’a dit qu’elle ne voulait pas de drame pis qu’elle ne me croyait pas. Partir en plein milieu de la nuit sans réveiller personne pour faire 2h de route justement pour pas faire de drame c’était déjà du drame.

Criss on est censer pouvoir s’endormir seul et tranquille sans se faire réveiller par les mains trop curieuses de quelqu’un qui s’est installé dans notre lit sans demander.

La répercussion de ça, c’est que maintenant dormir ailleurs que chez nous avec des gens je ne connais pas ça me rends moins à l’aise que jadis.

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Je suis écœurée raide que moi et des millions d’autres femmes vivions dans la peur d’un jour faire LE move qui déclenchera les instincts non contrôlés d’un homme (car majoritairement les agressions / abus / viols sont perpétrés par des hommes) qui croient bon de prendre ce qu’ils veulent simplement parce qu’ils croient pouvoir. Depuis quand c’est ok le viol, les agressions pis les abus ? Quand est-ce qu’on a, en tant que société, décidé de tracer la ligne qu’après 6 bières t’as pu le choix d’endurer les mains insistantes de ton voisin? Ou qu’après 10 minutes de french t’as pu le choix de coucher ? Ou que tu n’as pas le choix d’endurer des commentaires déplacés quand t’es habillé un peu sexy ? Ou de te faire suivre le soir parce que tu marches seule ? QUAND ?!?!?!

Ça fait longtemps que ce texte-là est dans mon ordinateur. Que je me demande quand est-ce que j’aurai le courage de parler de ça. C’est personnel hein, parler de ça : d’abus, de viol, d’agressions et d’attouchements non consenti. C’est personnel parce qu’on fond de chacune de personne qui a subi ce genre d’événement réside une profonde culpabilité que la société se charge bien de faire peser sur nos épaules. Parce que quelque part dans la vie, y’a quelqu’un qui a pensé que ça serait bon de faire culpabiliser quelqu’un de déjà fortement affecté ou traumatisé par des abus, des agressions et même des viols. Pis ce qui n’est pas normal, c’est justement ça.

Avec tout ce qui se passe, tous les témoignages, ça me fait juste réaliser à quel point la société BANALISE le viol et les agressions. Y’a même des femmes qui font l’apologie du viol pis des agressions ! Oui, oui ! Pis encore en 2020 on se le fait dire en tabarnack que c’est notre faute hein, ON L’A CHERCHER CETTE AGRESSION / VIOL LÀ T’SAIS BEN, les hommes sont juste des animaux faibles victimes de leurs instincts et pulsions sexuelles. Parce que tous les comportements suivants on le sait bien, appellent et demandent aux viols et aux agressions :

Marcher dans une ruelle un peu trop tard la nuit #notsafe

Être habillée trop sexy #toosexy

Rire trop fort à ses blagues #flirtingback

Dire non à quelque chose que je n’avais pas vraiment envie de

Me faire mettre la drogue du viol dans mon verre, à mon insu #notcaringenough

Avoir trop bu pis trop faire le party #drinkingtoomuch

Être trop ouvertement sexuelle #slut

Pis quand on s’écœure de se faire aborder de façon fucking déplacée par des inconnus pis de se faire toucher de façon tout aussi déplacé ben tu sais ben, on est trop prude pis on exagère. #prude #frigide

Pis TELLEMENT d’autres...

Souvent avec cette peur-là vient avec tous les jugements masculins qui nous martèlent la tête :

Trop mince, trop grosse - Trop grande, trop petite - Trop musclée, trop chétive - Trop blonde, trop brune - Trop maquillée, trop naturelle - Trop sexuelle, trop frigide - Trop sexy, trop prude – Trop féminine, trop garçon manqué - Trop direct, trop détournée - Trop opiniâtre, trop molasse

Au quotidien toujours et sans cesse des opinions sur nous, majoritairement de la part d’hommes qui nous parlent comme si eux avaient tout compris à des problèmes qui ne les affectent pas où comme s’ils avaient leur mot à dire sur notre propre corps alors qu’en réalité, sorry not sorry, on s’en fou tellement de votre opinion. Nous vivons systématiquement de la violence, tellement de violence. Sans même vous en rendre compte, dans beaucoup de vos propos, de vos actions vous encourager cette violence faites aux femmes.

Nous vivons la peur au ventre chaque jour qui passe. Nous ne vivons pas comme des victimes, nous vivons comme des guerrières. Parce que ce n’est pas ‘’de temps en temps’’ c’est chaque criss de jour, partout dans le monde. La force que ça prend dealer avec toute cette connerie ? IMMENSE.

Je ne savais pas où je m’en allais avec mon texte. Je ne savais pas ce que je pouvais apporter de nouveau à cette cause qui me dépasse, la mienne, mais celle de combien d’autres aussi ? Depuis quelques temps j’entends souvent « Ouin mais ça change quoi de dénoncé anonymement les ordures pis de rien faire d’autre, concrètement ça ne change rien... »

Premièrement, ce n’est pas à toi de nous expliquer comment nous voulons faire changer les choses. Certaines sont prêtes à se lever et crier bien fort, d’autres commencent à peine à en parler et combien d’autres commencent probablement juste à réaliser la gravité et l’ampleur de ce qu’elles avaient bien soigneusement enterrer dans leur mémoire ? Qui es-tu pour juger de ce que nous avons de besoin de faire et comment nous décidons de partager au reste de la société cette réalité qu’est la nôtre ?

Deuxièmement, pour la première fois depuis longtemps ENFIN, nous avons une tribune et nous nous soulevons. Ce mouvement est historique. Tu n’as l’impression que rien ne bouge, voilà bien une opinion d’homme blanc privilégié pour qui tout est toujours plus facile et rapide. Tu crois que nos témoignages font de nous que des plaignardes inactives ? Réalise-tu qu’il existe la possibilité qu’un de ses innombrables témoignages aide un homme à réaliser la teneur et l’impact de ses propos ? Si UN SEUL HOMME pouvait changer ou remettre en question ses comportements à la lecture d’un témoignage ce serait déjà une belle victoire, ce serait déjà un prédateur de moins dans les rues, un prédateur de moins pour ta sœur, ta femme, ta fille, ta mère... Et puis, IMAGINE, si cet homme décourage ses chums de gars quand ils ont des comportements un peu merdiques... Ne trouve-tu pas que ces témoignages feraient finalement beaucoup de chemin ? Partout des tribunes et des programmes se mettent en place suite aux différents soulèvements, mais tu décides de voir les femmes comme étant des plaignardes inutiles. Ça t’appartient. Sache toutefois qu’il est impossible de changer une société overnight et que ces petits pas que tu juges innocents sont en train de faire toute la différence POUR NOUS.

Réalise-tu qu’avec ce mouvement peut-être plusieurs victimes pourront s’allier et donner plus de poids à des mesures judiciaires, des mesures judiciaires qui autrement seraient encore balayées vite sous le tapis autrement ?

C’est le commencement du changement et mon coco tu ne sembles qu’en percevoir une infime partie. Fais-nous confiance, y’a 50 ans ont avait même pas le droit de vote, ni d’avoir de compte en banque.

Merci à toutes celles, guerrières, qui participent à ce changement.

Merci aux alliées silencieuses

Merci aux autres qui ne comprennent rien, vous êtes la raison pourquoi cette cause prends autant d’ampleur.

Un pas à la fois.

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